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Made in Algeria – Généalogie d’un territoire


Marseille, France

Organisation: MuCEM

Made in Algeria – Généalogie d’un territoire est la première exposition d’envergure jamais réalisée consacrée à la représentation d’un territoire et sa fabrique : celui de l’Algérie. Elle aura lieu au MuCEM du 19 janvier au 2 mai 2016.
Pour cet événement, des cartes rares du Service Historique de la Défense seront pour la première fois exposées. Elles montrent comment l’invention cartographique a accompagné la conquête de l’Algérie et sa description. Des œuvres majeures, notamment celles du Château de Versailles illustrant la conquête de l’Algérie, seront enfin de nouveau présentées au public. Des créations contemporaines, certaines constituées de matériaux iconographiques inédits, seront inaugurées.
L’exposition, par la mise en rapport d’œuvres et de documents variés, présente à la fois la fabrique coloniale de l’Algérie, ses représentations et sa diffusion, et distingue ce qui de cette fabrique a été écarté, rendu invisible ou illisible.
À l’origine du projet d’exposition Made in Algeria – Généalogie d’un territoire, il y a une interrogation quant à la question des grands découvreurs européens et de leurs récits de voyages, ceux des naturalistes surtout, et de leurs connaissances. Étonnamment, en leur temps aussi, comme aujourd’hui, de l’Algérie, nous savions peu. L’époque moderne qu’inaugurait la conquête de nouveaux continents allait recouvrir dans son élan l’héritage savant de l’Afrique du nord. Le XVIIIe siècle européen, celui qui s’emparait alors des terres du monde et qui en recensait la faune, la flore et les hommes, ne parvenait pas à saisir ce territoire de l’autre rive, comme il le faisait ailleurs.
Alger et ses fortifications, son hostilité, sa piraterie et ses mythes, engendraient envie et fantasmes à tel point que seuls les officines diplomatiques et l’espionnage nourrissaient la science et la surveillance. Consulter une carte européenne des territoires de l’Algérie au XVIIIe siècle, c’est avant tout lire des informations de seconde main. Ce sont des projections, des hypothèses cartographiques qui contrastent avec l’exactitude des cartes marines, qui traduisent à cette même date des intentions belliqueuses. Loin des tours de guet et des zones habitées, on marque à discrétion les rochers et les ressacs, les profondeurs pour le mouillage et les lieux d’accostages. On y lit un littoral déserté et à l’intérieur un pays qui serait riche et heureux. Les habitants y sont parfois décrits. Les femmes y sont distinguées. Tout comme le miel et les fruits. L’eau et les terres fertiles y abondent. La fortune y est annoncée dans les légendes. On devine que tout est possible. Longtemps, ce territoire a d’abord été ébauché sur le papier. Cartographié selon des vœux, des attentes, avant même d’être connu, parcouru et vécu.
Cette construction de représentations, nous la retrouverons à quelques variantes près dans de nombreux recueils cartographiques européens. La carte, surface plane, se fait espace téléologique, paradis à se saisir. Paysage immense que tout un chacun pouvait dominer d’un regard. Le territoire y est étendu et l’illimité du lieu donne envie.
Made in Algeria – Généalogie d’un territoire rendra compte, par les images et les relevés de terrain, de ce long processus qu’a été la conquête de l’Algérie. Et par ce procédé, montrera pourquoi et comment se sont effectués la saisie cartographique et le marquage cadastral d’un territoire.
Made in Algeria – Généalogie d’un territoire est la mise à plat d’une aventure moderne qui a commencé il y a plus de deux siècles et dont les effets se font encore ressentir aujourd'hui : la conquête de l’Algérie et le type de colonialisme qui s’y est développé. Par cette exposition, nous voulons dérouler la fabrique coloniale d’un territoire. Cette entreprise, qui ne s’est pas faite sans heurts, s’est aussi justifiée par la nécessité de soutenir de nouvelles expériences et inventions techniques et scientifiques. En ce sens, l’Algérie a été un haut lieu de la modernité européenne. Un de ses laboratoires majeurs. Celui qui a permis d’expérimenter le rendement d’un territoire par la mise sous surveillance de ses acteurs.
En 1882, plus aucun mètre de ce territoire n’échappe à la mise sous contrainte.
Zahia Rahmani, responsable du domaine 'Art et mondialisation', INHA
Jean-Yves Sarazin, Directeur du Département des cartes et plans, BnF
Venue: MuCEM, 7 Promenade Robert Laffont, 13002 Marseille
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