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Patrimoine/Consultation en ligne
On écouterait Patrick Lefèvre pendant des heures. Le nouveau directeur général de la Bibliothèque royale de Belgique est d'un enthousiasme communicatif lorsqu'on lui parle de la Bibliothèque numérique européenne, cette arme de la contre-offensive contre les
Le Soir, 13 janvier 2006, page 36
La dynamique de Jean-Noël Jeanneney, le patron de la Bibliothèque nationale de France, est largement porteuse, avoue Patrick Lefèvre. Et nous sommes enthousiastes â l'idée de participer à ce mouvement.
Jean-Noël Jeanneney s'est en effet totalement engagé dans la création d'une Bibliothèque numérique européenne.
Lundi, il a annoncé au quotidien français Les Echos que cette bibliothèque pourrait démarrer dès la fin de 2006, avec 60 000 ouvrages numérisés, et trouver sa vitesse de croisière en 2007.Il faut que la France soit rejointe le plus tôt possible par d'autres pays, pour que tous ces efforts aboutissent à la création d'un fonds européen doté d'une vraie masse critique, a dit Jeanneney aux Echos. Les Pays-Bas, l'Espagne, la Hongrie, l'Italie coopèrent. La Belgique s'est jointe avec gourmandise dans cette affaire, ajoute M. Jeanneney. Mais la Grande-Bretagne a signé un accord avec Microsoft...
Rien ne va vite dans cette problématique. Et pourtant, tout est urgent. Mais il faut uniformiser les standards de numérisation, établir des inventaires, préciser des catalogues, ne pas faire la même chose que le voisin, ce qui est particulièrement malaisé en Belgique, où la Bibliothèque royale - fédérale - doit travailler aussi avec une série de bibliothèques qui ont un autre statut.
Et, surtout, il faut de l'argent. Le Bureau Van Dijck avait calculé, il y a peu, que la numérisation du patrimoine coûterait 500 millions d'euros, en Belgique. Le coût minimal d'urgence, pour numériser les ouvrages fragiles, est réduit à 150 millions. Promesse du ministre compétent, Marc Verwilghen (VLD), à débloquer sur dix ans. Promesse non suivie jusqu'à présent.
On nous assure aujourd'hui un budget de 75 millions, et d'emprunter les 75 autres à la Banque européenne d'investissement, explique Patrick Lefèvre. La BEI est d'accord, mais attend des garanties de remboursement qu'on ne peut fournir actuellement. Et quand bien même on aurait 150 millions, encore faudrait-il partager cette somme avec les autres établissements scientifiques fédéraux, comme le Musée de Tervuren ou les Archives, qui, eux aussi, veulent numériser.
De toute façon, les budgets ne seront pas suffisamment importants pour couvrir les besoins énormes. Alors, qu'est-ce qu'on fait ? On attend ou on fonce pour montrer que c'est possible ? Je crois qu'il faut bouger. Pour être crédibles, nous devons être dans le peloton de tête des bibliothèques européennes.
Tout n'est pas noir non plus. Des choses ont déjà été faites. Une partie du patrimoine de la Bibliothèque royale a déjà été numérisée. L'extraordinaire bibliothèque des ducs de Bourgogne, par exemple. A la mort de Charles le Téméraire, en 1477, elle comptait 950 volumes. Il en reste 250, en grande partie numérisés.
Il y a la carte des Pays-Bas autrichiens de Ferraris, datée 1771 - 1778. Un exemplaire exceptionnel, numérisé. Il y a des monnaies. Il y a le projet concernant le plan Popp du XIXe siècle. Bravo ! Mais c'est une goutte d'eau. La Royale détient 200 000 cartes, plans, atlas, livres et globes...
Ce qui est numérisé devrait bientôt être accessible en ligne via le portail de la Royale. Puis, fin de l'année, via celui de la Bibliothèque numérique européenne. Quel sera son adresse en ligne et son organisation ? Ça reste à discuter.
JEAN-CLAUDE VANTROYEN
http://www.kbr.be
http://www.theeuropeanlibrary.org
http://gallica.bnf.fr